Debout la République 11ème Circonscription du Pas de Calais - -Hénin Beaumont - Carvin

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Créé le : 27/07/2008 15:06
Modifié : 18/03/2012 16:44

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Réaction de Nicolas Dupont-Aignan à la déclaration de Nicolas Sarkozy sur le référendum en Grèce

02/11/2011 11:31

Réaction de Nicolas Dupont-Aignan à la déclaration de Nicolas Sarkozy sur le référendum en Grèce


Les réactions outrées de la quasi-totalité de la classe politique française suite à la décision de M. Papandréou de consulter les citoyens grecs constituent un nouveau déni de démocratie fatal pour l’avenir de l’Europe.

La réaction "consternée" du président de la République Nicolas Sarkozy, sur le perron de l’Elysée, est une insulte au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et prouve le mépris pour la démocratie de celui qui était déjà revenu en 2008 sur la décision populaire de rejeter le Traité constitutionnel.

Le silence complice de François Hollande et de Martine Aubry sur la question du référendum prouve quant à lui que le Parti Socialiste ne souhaite pas changer le cadre mondialiste et antidémocratique dans lequel sont prises aujourd’hui les décisions concernant directement les citoyens européens.

En réalité le flot d’éléments de langage destinés à justifier l’injustifiable, à savoir le mépris du peuple, prouve que les responsables politiques français sont aujourd’hui prêts à tout pour conserver un système dont ils sont finalement les seuls à profiter.

Après avoir tué la belle idée européenne sur l’autel de la monnaie unique, ils cherchent désormais à imposer par la force l’austérité aux peuples d’Europe.

Ils sont comme les créatures devenues folles des docteurs Frankenstein de l’Union Européenne.

Nicolas Dupont-Aignan,

Député de l’Essonne et président de Debout la République






Les Européens font comme les Shadoks, ils creusent, ils creusent…

27/10/2011 10:04

Les Européens font comme les Shadoks, ils creusent, ils creusent…


Les dirigeants européens réunis à Bruxelles ont effacé la moitié de la dette grecque et garanti les banques pour permettre leur recapitalisation. Le Fonds de stabilisation a été abondé à hauteur de 1000 milliards et la création d’un fonds de garantie privé, où sont espérés les capitaux notamment chinois, est envisagée et doit faire l’objet d’une rencontre entre Nicolas Sarkozy et le numéro un chinois. Mais les solutions trouvées ressemblent au gag d’un feuilleton célèbre diffusé au temps de l’ORTF, lorsqu’on ignorait ce qu’était une crise financière.

Cette fois-ci les banques vont devoir afficher leurs pertes potentielles. C’est du moins la première décision prise par le Conseil européen (qui regroupe les dirigeants 27 membres de l’Union européenne, qu’ils soient ou non dans l’euro). D’ici au mois de septembre, les principales banques, dites « systémiques » parce que leurs faillites provoqueraient des dégâts collatéraux d’une ampleur inconnue, devront afficher la vérité des comptes. Mais attention, il ne s’agit pas de savoir combien d’emprunts à tiroirs, de CDS improbables, de swaps sans contreparties ou de subprimes diverses elles conservent dans leurs livres.

Non, les Etats membres leur demande de valoriser les emprunts d’Etat au « prix du marché », tel qu’il était au 30 septembre. Mine de rien. C’est une sorte de petite révolution. D’abord parce que les banques conservaient leurs obligations d’Etat jusqu’à la fin de leur durée en les comptabilisant au prix d’émission, car celles-ci étaient considérées comme le placement le plus sûr et le plus liquide possible. C’était du « fonds propre dur ». Ensuite parce que des Etats demandent que leurs propres obligations soient dévalorisées. On devrait donc comptabiliser les obligations grecques à environ 46% de leur valeur d’émission, celles de l’Espagne et de l’Italie aux environs de – 20%, peut-être les françaises à – 10%, ou – 5%. Cela s’appelle se tirer une balle dans le pied, car lors des prochaines adjudications d’obligations publiques, les banques qui viennent acheter du « papier » des Etats pourront dire aux directeurs du Trésor de leurs pays : « compte-tenu de la décote au 30 septembre, il faut me verser un taux d’intérêt plus élevés ». Et ce sont les contribuables, qui ensuite assumeront cette charge.

Donald Tusk, Premier ministre polonais et président en exercice du conseil européen a eu beau préciser qu’il s’agissait là « d’une mesure exceptionnelle, et transitoire qui ne durera que de un à trois ans », cela risque bel et bien de renchérir le coût du crédit pour les Etats.

Les banques, elles, devront, avant le 30 juin 2012, trouver de quoi combler non seulement le « trou » comptable constaté à la suite de la dévaluation des emprunts d’Etat, et augmenter leurs fonds propres « durs », à 9% (contre une obligation de 6% aujourd’hui). Selon une estimation de la délégation française, cela représente une masse globale de 106 milliards d’euros au niveau européen, dont une dizaine pour les banques françaises. Pour ce faire, les banques devront chercher l’argent chez elles, en restreignant les bonus et les dividendes versés, sur les marchés, et auprès des Etats si les solutions de marché ne fonctionnent pas. Donald Tusk, visiblement traumatisé par l’expérience socialiste vécue par son pays, avertit : «l’appel aux Etats ne doit pas amener un traitement injuste des propriétaires des banques». Enfin lorsque les Etats ne peuvent pas aider les banques en difficulté, il sera fait appel au fonds européen de stabilité financière.

Ce sera sans nul doute le cas des banques grecques. Bien sûr le budget d’Athènes est incapable de sortir le moindre cent. De plus ce sont les banques grecques, comme les Grecs, qui vont subir en premier le choc de la « décote » appliquée aux emprunts grecs, qui se discute, non pas à 27 pays, mais entre les seuls 17 membres de la zone euro. On évoque, du côté des négociateurs français, une décote de 100 milliards sur les 210 milliards d’emprunts placés auprès du privé. Donc 45%. Mais sur ces 210 milliards, 141 milliards sont entre les mains des banques grecques, des fonds de pensions grecs, des assurances grecques, etc… Il faudra bien recapitaliser les principales institutions, du moins les banques et les fonds de retraites, pour permettre au pays de simplement fonctionner. Il faudra donc que le FESF prenne des participations, ou engage des prêts, à hauteur de dizaines de milliards. Vue ainsi, la solution du défaut partiel, logique pour soulager les comptes publics d’un pays en récession depuis trois ans, ressemble à l’histoire des Shadoks qui creusaient des trous pour en reboucher d’autres, puis s’apercevaient de l’existence des trous qu’ils venaient de creuser, et donc se remettaient à creuser pour les reboucher. …

Les dix sept chefs d’Etat et de gouvernement de la ze euro sont donc les shadocks du 21e siècle. A l’heure où sont écrites ces lignes, ils sont à la recherche de la solution pour faire du FESF un instrument capable de faire face à la crise italienne. Il faut avoir une force de frappe d’au moins 1600 milliards d’euros sans faire appel à la banque centrale européenne, solution que n’importe quel Gibi aurait adoptée..

Toujours acharnée à creuser les pauvres bêtes que sont les dirigeants européens tentent de convaincre les banques d’abandonner la moitié au moins des créances qu’elles détiennent sur la Grèce. La discussion n’est pas facile. D’abord parce que officiellement, les négociations ont pour but d’obtenir un accord « volontaire » des banques, avec une association, l’Institut de la finance internationale, basée à Washington. En plus les banques ont compris une chose: plus elles accepteront une décote importante sur les obligations grecques, plus elles devront chercher de la l’argent pour se recapitaliser.

Là aussi, on creuse un trou d’un côté, qu’on rebouche de l’autre. On recreuse, on re-rebouche… Pour un peu, on comprendrait la rebuffade du président de l’IFI, Charles Dallara, qui a créé la surprise en pleine nuit en déclarant dans un communiqué publié aux Etats-Unis: « il n’y a aucun accord sur une décote de la dette grecque », au beau milieu du sommet de la zone euro. Comme la décote de la dette grecque conditionne le niveau de la recapitalisation des banques, qui conditionne la hauteur du FESF…. Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et Christine Lagarde ont quitté précipitamment la réunion de l’Eurogroupe, pour négocier avec les banquiers…Ils leur ont fait savoir que faute d’un accord raisonnable, la Grèce pourrait bien faire défaut sur la totalité de sa dette, et la facture pour les banques serait alors deux fois plus élevée. Il semble que les banquiers soient sensibles à la menace la plus brutale: un accord semble acquis aux alentours de 4 heures du matin…

Alors les Shadocks creusent, creusent… On ne sait quand ils sortiront du trou…

Marianne2
Modifié à 1 heure,le 27 octobre 2011

http://www.gaullisme.fr/2011/10/27/sommet-europeen-27-octobre-2011/ 






Bienvenue dans l’Europe Allemande !

27/10/2011 10:00

Bienvenue dans l’Europe Allemande !


Après une dramatisation absolument ridicule de la réunion d’hier (en se mettant une telle pression, il était bien évident que l’accord était proche), les dirigeants européens sont parvenus à un nouvel accord, qui correspond peu ou prou aux désidératas Allemands.

Sarkozy : je cède donc je suis
Il y a dix jours, la France voulait que la BCE finance l’augmentation des moyens du FESF, que la dette grecque ne soit pas davantage restructurée et proposait une augmentation des garanties allemandes, tout en étant prête à un grand pas en avant fédéraliste. L’Allemagne refusait absolument que la BCE finance le FESF, souhaitait une restructuration forte de la dette grecque, refusait d’engager un mark de plus tout en étant peu ouvert à une évolution fédéraliste.
Et comme d’habitude, Angela Merkel a obtenu raison sur presque toute la ligne. Même les médias français (à l’exception d’Alain Duhamel) ont fini par reconnaître l’évidence, à savoir que Paris n’obtient rien ou presque lors des négociations et capitule devant les positions allemandes. En juillet dernier pourtant, on présentait accord l’accord de la dernière chance du moment comme un compromis, alors que là encore, la France avait capitulé devant des exigences de Berlin.
Et finalement, c’est la façon dont l’Europe fonctionne depuis l’élection de Nicolas Sarkozy. Le président élu, qui avait pourtant le « non » au TCE dans sa manche pour négocier un « mini traité limité aux questions institutionnelles tenant compte du vote des Français » avait fini par céder et accepter un TCE bis, au mépris du vote du 29 mai 2005. De même, il avait avalé son chapeau lors de la création de l’Union Pour la Méditerranée, qui comprend… l’Allemagne !

Bienvenue dans l’Europe allemande
Bref, par-delà les postures et les effets d’annonce, Nicolas Sarkozy est devenu la carpette d’Angela Merkel, comme l’illustre ce dessin de The Economist. Bien sûr, il est frustrant de voir notre pays ravalé au rang de faire-valoir d’une Allemagne qui décide de tout. Il faut noter qu’Angela Merkel a l’intelligence de ne pas fanfaronner sur le sujet, ne cherchant jamais à voler la vedette aux autres, au contraire de notre président qui se présente systématiquement plus important qu’il ne l’est en réalité.
Paradoxalement, même si cela impose une austérité proprement imbécile, l’Europe allemande est une moins mauvaise solution que l’Europe voulue par les fédéralistes Français. Au moins, le dérapage supranational est limité, les Etats restent aux commandes et cette construction sera plus facile à défaire que les tours de Babel voulue par certains. L’Allemagne a imposé un soutien national aux banques, sans passer par un dispositif européen.
Bizarremment, cette voie allemande trouve également les faveurs du Monde, qui la préfère à une fin de l’euro. Dans un éditorial assez désemparé, le quotidien vespéral, entre deux contre-vérités, se résigne à cette Europe allemande. Alain Minc s’est également distingué en se félicitant que la démocratie allemande ne prenne pas en compte l’opinion publique ou en refusant d’admettre qu’il y a une crise de la zone euro ou qu’une monnaie surévaluée pose problème.
Pourtant, l’intransigeance légitime de Berlin condamne sans doute la monnaie unique à terme. Certes, la Grèce devrait y gagner une bouffée d’air qui devrait retarder sa sortie de la monnaie unique, mais les déséquilibres fondamentaux de la zone euro ne sont absolument pas corrigés par cet accord, qui est un nouveau pansement sur une jambe de bois.
Bref, les dirigeants européens ont repoussé le moment où ils finiront par devoir démanteler cette construction baroque et artificielle qu’est l’euro. L’intelligence de l’Allemagne est d’éviter les mécanismes qui compliqueraient une telle issue.
Laurent Pinsolle






La "cocue de Benghazi", c'est moi !

26/10/2011 08:52

La


réponse à Daoud Boughezala

Cher Daoud,
Lorsque j’ai lu ta « lettre ouverte aux cocus de Benghazi », je me suis sentie concernée, parce qu’il se trouve que ces "cocus", comme tu le sais, j’en fais partie. Je me verrais mal claironner aujourd’hui, avec ou sans trémolos dans la voix, « vive la Libye libre ! ». Pourtant, si je te donne raison – quoiqu’un peu tard – je n’arrive pas pour autant à me donner totalement tort.
C’est vrai, j’étais favorable à l’intervention en Libye. Mais pas forcément pour les raisons que tu soupçonnes. S’il m’est apparu inconcevable que nous assistions les bras ballants au massacre des civils de Benghazi, ce n’était pas par « droit-de-l’hommisme ». La lutte en faveur des droits de l’homme ne me semble pas spécialement condamnable, mais je ne suis pas naïve au point d’ignorer que leur défense est sélective. Tu serais en droit de me dire « pourquoi la Libye, et pas la Corée du Nord ? ». Tu aurais raison, si je n’avais que des arguments frappés du sceau des « bons sentiments ».
Seulement voilà, je suis de ceux qui pensent que les choix politiques d’un pays doivent faire prévaloir ses intérêts de nation. Dès lors, s’il m’apparaît qu’une guerre déclenchée au nom des « droits de l’homme » est conforme aux intérêts de la France, j’y souscris sans état d’âme. Tant pis si l’on me soupçonne de bien-pensance ou de BHLisme.
Que devions-nous faire, alors que Mouammar al-Kadhafi menaçait de réprimer son peuple dans le sang ? Demeurer l’arme au pied, au nom du principe de la non-ingérence ? Si nous avions agi de la sorte, on nous aurait accusé d’être les complices d’un massacre. La Russie et la Chine elles-mêmes, pourtant soucieuses de ne pas cautionner l’action d’une « communauté internationale » dont elles se méfient, ont préféré s’abstenir que de contrer la résolution 1973 à l’ONU. Crois-tu vraiment qu’il s’agissait d’une abstention compassionnelle ? Gageons plutôt que ces deux puissances ont voulu se prémunir contre toute accusation de connivence s’il y avait eu un massacre.
Par ailleurs, il m’a toujours semblé que notre action en Libye était sans comparaison avec celle que nous menons en Afghanistan. L’Afrique du Nord est à nos portes, l’Asie centrale est au bout du monde. Nous n’avons aucun intérêt là-bas, nous en avons quantité ici. Comment nier que notre avenir est indissolublement lié à celui des peuples du Sud de la Méditerranée ? Or nous ne pouvions empêcher ces populations de se soulever et de vaincre. Dès lors, même si leurs tyrans laïcs nous rassuraient, mieux valait approuver leur inéluctable destitution. C’est avec leurs successeurs, désormais, qu’il faudra savoir s’entendre.
Il est dangereux de lutter contre l’inévitable. N’éprouvas-tu pas la même honte que moi lorsque Michèle Alliot-Marie, alors ministre des Affaires Etrangères, proposa d’aider Ben Ali à réprimer ses opposants tunisiens ? Il semble qu’elle avait oublié le mot du général de Gaulle. « Il n’y a pas de politique en dehors des réalités », et ni « MAM » ni personne ne peut prétendre se dresser contre le sens de l’Histoire. Aussi vaut-il mieux l’accompagner, cette Histoire qui souvent nous surprend, et parfois nous déplaît. Surtout quand elle n’est pas la notre, mais celle de peuples qui désormais feront fi de notre bonne volonté.
Dans le cas de la Libye, il apparaît que sommes nous allés trop loin. Engagés sous l’égide de l’ONU dans une guerre déclarée au nom du « devoir de protéger », nous nous sommes bien vites affranchis du souci de la nuance pour passer de la protection à l’ingérence. Mais à quel moment aurait-il fallu se désengager ? Les civils libyens pouvaient-ils être en sécurité dès lors que la survie de Kadhafi et la détermination de ses fidèles maintenaient le pays dans une situation de « guerre civile », comme tu la qualifias avec justesse lorsque je parlais encore de « Révolution ».
Quant au Guide, tu sembles dire avec Jérôme Leroy, qu’il aurait fallu le juger. N’êtes-vous pas las, l’un et l’autre, de ces pantalonnades que constituent les procès devant la CPI (Cour spéciale internationale) et autres « tribunaux spéciaux » ? Allons-nous feindre encore longtemps de croire que le droit international est autre chose que l’application de loi des vainqueurs ? A l’inverse de Saddam Hussein, Kadhafi est mort à la guerre. C’est sans doute le moins que puisse souhaiter un colonel, et suffisamment rare à ce niveau de grade pour qu’il ait de bonnes raisons, où qu’il soit désormais, de s’en féliciter.
Nous nous acheminons donc vers une Libye islamiste. En sommes nous vraiment responsables ? Cela ne serait-il pas advenu de toute façon, avec ou sans les Occidentaux ? Des diverses Restaurations à l’Empire, combien fallut-il de temps à la France pour achever sa Révolution ? Nous avons survécu à la Terreur, qu’elle soit blanche ou robespierriste. Les libyens sont ils voués à mourir de la Charia ?
Il leur faudra bien du temps et bien des convulsions. Le sang coulera sans doute encore. Ainsi, je conçois que dans l'immédiat, ce toi qui ais raison. Mais ce ne sera pas forcément toujours le cas. Le vieil Hegel pensait que « la raison progresse dans l’Histoire ». Pourquoi m’interdirais-je, pour ma part, de croire que le pire n’est pas toujours certain ?
Coralie Delaume

Lire et relire :
Libye : pensée complexe contre pensée réflexe CLICK
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Libye : il faut accepter de gagner une guerre CLOCK
Ben Laden, avec ou sans, il faut quitter l'Afghanistan CLOUCK





“La dette publique est un mécanisme d’exploitation financière des biens publics”

26/10/2011 08:48

“La dette publique est un mécanisme d’exploitation financière des biens publics”


Entretien avec Emmanuel Todd (Emmanuel Todd)

 

emmanuel_toddPour l’essayiste le plus corrosif de sa génération, la réduction des moyens alloués aux services publics est un élément fondamental de la baisse du niveau de vie des citoyens. Anticipant une disparition prochaine de l’euro, sous sa forme actuelle, il prône la mise en place d’un protectionnisme au niveau européen.

Que vous inspire, aujourd’hui, l’état des services publics en France ?

Je pense que le débat sur les services publics va changer parce qu’il entre dans une phase nouvelle. Les gens vont comprendre que la grande campagne de réduction des déficits publics ne va pas se faire par l’augmentation des impôts, mais par la diminution des dépenses. Et la diminution des dépenses, c’est la contraction des services publics. Les gens vont comprendre que la réduction du nombre des fonctionnaires constitue, en fait, une partie importante de la baisse de leur niveau de vie. Quand ils vont prendre conscience que la contraction des biens et des services mis à leur disposition par les hôpitaux, que la contraction du nombre de professeurs, d’enseignants et de bien d’autres choses encore, se traduit par la contraction de leur niveau de vie, le débat va un peu changer de nature.

Jusqu’à présent, on avait des libre-échangistes, des ultralibéraux ou des socio-libéraux qui nous soutenaient que le capitalisme actuel fait, certes, monter les inégalités mais qu’il demeure somme toute bénéfique pour tous, notamment avec un zeste de redistribution pour que tout le monde soit vraiment encore plus gagnant. Là, nous sommes en train d’entrer dans une phase tout à fait nouvelle, celle où cette pseudo-théorie économique s’avère totalement démentie par les faits, où la pression par les salaires extérieurs, par les délocalisations, devient telle que le niveau de vie de la grande partie de la population commence à baisser.

Simplement, cette baisse s’opère par plaques et les différents indicateurs qui permettent de la mesurer sont encore trop éparpillés, voire inadéquats: les critères du fameux panier de la ménagère sont compliqués et confus; on se focalise souvent sur le salaire moyen, alors qu’il faudrait davantage prendre en compte le salaire médian parce qu’il constitue une photographie plus fidèle de la réalité sociale.

En fait, la baisse du niveau de vie n’est pas seulement une question de stagnation du pouvoir d’achat, mais se mesure aussi à l’aune de l’environnement dans lequel
on vit?

Regardez ce qu’est la vie quotidienne d’un Français ordinaire. Un Français ordinaire a ou aura des enfants, il va les faire garder en crèche, les mettre à la maternelle puis à l’école primaire, etc. Tout cela constitue des dépenses prises en charge par la collectivité, auxquelles il n’aura pas à faire face. En fait, en termes de dépenses effectives ou de dé- penses que l’on n’a pas à faire, le système français d’enseignement constitue une partie très importante de notre revenu effectif. L’une des façons dont les démographes expliquent le taux élevé de fécondité qui nous distingue de tous les pays d’Europe (deux enfants par Française) tient essentiellement à l’accueil en maternelle. Or, ce nombre d’enfants par femme est ce qui nous permet d’affirmer que la France va exister dans la génération suivante. Et il en va de même pour la santé, pour l’hôpital.

En fait, ce n’est pas parce que des biens ne sont pas fournis sur le marché que ce ne sont pas des biens réels. Les gens ordinaires, ceux qui ont un travail, un revenu qui stagne ou qui baisse légèrement vont se rendre compte que la contraction de la dépense de l’État et du service public se traduit par une baisse de leur niveau de vie. En fait, cela prendra souvent l’aspect d’une baisse de la qualité de la vie: des écoles surchargées par les fermetures de classes et les suppressions de postes d’enseignants, des hôpitaux au bord de l’asphyxie qui ne parviennent plus à fonctionner convenablement… tout cela fait partie de la baisse du niveau de vie.

Mais nous n’en sommes qu’au tout début. Pour le moment, on ne peut rien dire de tragique sur la situation sanitaire ou démographique de la France; en revanche, il faut regarder avec intérêt ce qui se passe aux États- Unis, censés être l’eldorado des libéraux. Les États-Unis ont commencé à enregistrer, à diverses périodes, des hausses de la mortalité infantile et des baisses d’espérance de vie; en fait, les États-Unis sont déjà confrontés à des problèmes de santé liés au libéralisme. En France, on n’y est pas encore, on est au point d’inflexion et les dégâts de tout cela n’apparaîtront complète- ment que dans dix à trente ans. Mais on peut encore arrêter la dérive.

La remise en cause des services publics a souvent pris la forme d’attaques contre les agents publics, censés être pléthoriques et peu productifs.

D’abord, ça n’a jamais été vrai. Je suis fonctionnaire, donc je le sais très bien. L’une des choses que l’on constate lorsque l’on est dans la fonction publique, c’est que beaucoup de gens y travaillent énormément, ne comptent pas leurs heures, s’investissent dans leur mission parce qu’ils sont dans une autre logique que celle du marché. Il est totalement faux de croire que les agents publics ne travaillent que pour leur salaire.

Cette diminution des moyens alloués aux services publics intervient dans un contexte où la crise économique rend pourtant leur existence encore plus nécessaire. Comment expliquez-vous cet aveuglement de la part de l’État, censé représenter l’intérêt général ?

Quand on analyse l’État, il y a toujours une difficulté qui tient à son caractère multiple, à cette sorte de bi-fonctionnalité, d’ambivalence fondamentale de l’État. Dans la réalité, l’État est tout à la fois l’expression de l’intérêt général, mais aussi l’agent de domination d’une classe sur une autre ou plutôt un point d’équilibre du rapport de force entre classes.

C’est la raison pour laquelle, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France était dotée d’un État qui collait au plus près à sa fonction d’intérêt général, quelle que soit la couleur politique du gouvernement en place. Or, aujourd’hui, l’État redevient beaucoup plus fortement qu’avant un État de classe. Cela s’est particulièrement vu depuis l’irruption de la crise économique de 2008. On a vu alors des gouvernements s’agiter pour éviter l’effondrement des systèmes bancaires, pour relancer un peu la demande effective dans un contexte d’effondrement de la demande mondiale, et donc beaucoup en ont conclu au grand retour de l’État et de l’économiste anglais Keynes. Terrible contre- sens! Pour Keynes, l’intervention de l’État visait à assurer l’équilibre général dans l’économie en regonflant la demande effective des pauvres ou des gens défavorisés. L’État agissait alors dans le sens de l’intérêt général et il pensait, en gros, que l’intérêt général passait par l’intérêt des masses ouvrières

Ce n’est plus le cas aujourd’hui ?

À quoi assiste-t-on aujourd’hui? À un État qui a agi pour éviter l’effondre- ment du système, mais qui s’est mis au service des banques et des riches, sans contrepartie, en leur garantissant que leurs intérêts seraient pris en compte. La cause est entendue: plus personne ne croit sérieusement à l’efficacité du libéralisme économique; l’État doit intervenir. Mais cette intervention se fait prioritairement au service des riches! C’est ainsi démontré par James Galbraith, un économiste américain qui a écrit L’État prédateur –un livre magistral que je recommande à tout le monde–, dans lequel il explique comment les États-Unis d’aujourd’hui sont tombés sous la coupe d’une «classe prédatrice», financièrement aisée et qui contrôle le gouvernement.

Il faut absolument percer, dévoiler la nature de classe de l’État qui est en train d’apparaître et le type de gestion qui va avec. Par exemple, le véritable enjeu du débat sur la dette est en fait assez clair: la fraction du budget de l’État consacrée au service de la dette n’est rien d’autre que la fraction du budget de l’État consacrée au service des riches. Il s’agit de redonner encore plus d’argent à ceux qui en ont déjà trop, qui possèdent des titres, des emprunts d’État et auxquels il faut servir un intérêt. La dette publique, censée plomber les comptes de l’État, fait pleinement partie d’un mécanisme d’exploitation financière des biens publics par les classes supérieures, au même titre que les privatisations ou la vente des bâtiments de l’État.

La création de la Banque centrale européenne obéit-elle à la même logique ?

C’est une erreur de croire que la Banque centrale européenne (BCE) n’est pas l’État car les fonctions monétaires d’une banque centrale sont des fonctions d’État, tout comme ses décisions, son fonctionnement et même sa création. Dans le cas de la BCE, il s’est agi de mettre en place une structure dite indépendante –comprenez indépendante de la souveraineté populaire–, sous domination allemande, dont la mission est de protéger l’argent des riches, notamment en combattant l’inflation.

Je le dis clairement: je ne suis pas marxiste. J’ai toujours affirmé que le développement économique dépendait surtout de l’élévation autonome du niveau éducatif consécutive aux révolutions religieuses du XVIe siècle. J’ai toujours été une sorte d’hégélien empirique, mettant l’esprit humain au-dessus de l’économie, en me disant que celle-ci n’était que la projection, dans le domaine de la production, des progrès de l’intelligence humaine. Dans mes modèles, j’essaye d’expliquer que les idéologies politiques sont aussi le produit de déterminants familiaux sous-jacents, ce qui n’est guère marxiste. Et pourtant, je ne peux que constater que l’observation attentive du système économico-politique français et de ses déterminants culturels et anthropologiques redonne toute son utilité à l’analyse marxiste en termes de rapports de force, de classes et d’exploitation.

Vous êtes partisan d’un protectionnisme au niveau européen, ce qui n’est pas vraiment un raisonnement marxiste…

Effectivement, l’une des bêtes noires de Marx, c’était Friedrich List, le grand théoricien du protectionnisme. Le protectionnisme consiste à prendre un espace défini –national ou plurinational– dans lequel, finalement, tout le monde est protégé; même si le protectionnisme a des effets différentiels sur les groupes sociaux car il favorise avant tout les ingénieurs, les ouvriers par rapport aux financiers. Dans le protectionnisme, sont présentes les notions de territoire et de solidarité des classes, ce qui s’oppose à l’idée que la lutte des classes est la chose fondamentale. En fait, le protectionnisme met le groupe, au sens national, au-dessus des classes avec, implicitement, l’idée de réconciliation de toutes les classes et de tous les groupes sociaux. À l’exception de l’oligarchie financière, qui a tout à y perdre.

On associe souvent le protectionnisme avec l’idéologie de la préférence nationale chère à l’extrême-droite.

C’est un mauvais procès, qui découle d’un amalgame malhonnête, et ceux qui s’y livrent ne sont souvent pas dénués d’arrière-pensées. Mais l’essentiel est ailleurs. L’extrême-droite ne peut pas soutenir sérieusement l’idée protectionniste pour au moins deux bonnes raisons. Tout d’abord, si le protectionnisme protège globalement la quasi-totalité de la collectivité (sauf le monde de la finance et de la rente), ceux qui sont aujourd’hui tout en bas de l’échelle sociale, les ouvriers à bas salaires ou les gens qui ont des difficultés économiques, en seraient les premiers bénéficiaires. À commencer par les enfants d’immigrés qui sont, hélas, omniprésents dans les fonctions à bas salaire.

De surcroît, la mise en place du protectionnisme dans un espace délimité se traduirait par une élévation des revenus de l’ensemble de la société et cette opposition absurde entre Français d’origine étrangère et Français d’origine française plus ancienne serait comme abolie, puisque les deux seraient protégés ensemble.

En fait, les idéologies xénophobes prospèrent précisément grâce au libre- échange, qui est une logique de la mise en concurrence de tous avec tous. Loin du discours dominant selon lequel il signifierait la paix et le doux commerce entre nations, le libre-échange se caractérise au contraire par la guerre économique à tous les niveaux. Les grosses puissances économiques s’affrontent aux petites mais aussi entre elles et cette logique de concurrence se propage à tous les niveaux. Ainsi, l’Europe cherche tant bien que mal à tirer son épingle du jeu au niveau mondial, mais connaît aussi, en son sein, une division entre États membres et une résurgence des oppositions entre nations. Et celles-ci sont également traversées par des oppositions entre les groupes sociaux qui les composent.

Par exemple, l’idéologie libérale va stigmatiser les fonctionnaires, censés bénéficier d’un emploi à vie et ainsi être protégés des aléas du marché; elle va instaurer un clivage entre les fonctionnaires et le reste de la population. Or, la proposition protectionniste, parce qu’elle met en place, au niveau des frontières, des mesures protectrices qui bénéficient à tous, fait tomber cette opposition entre privé et public. Elle vise à recréer un espace protégé dans lequel les salaires des ouvriers, des employés et des classes moyennes du secteur privé augmenteront et dans lequel la fonction publique ne sera pas perçue comme une sorte de corps étranger privilégié, mais simplement comme une partie de la totalité sociale.

Comment analysez-vous la façon dont est posé le débat sur les grandes options économiques ?

Avec plusieurs économistes, nous avons fait réaliser un sondage qui met en lumière le fait que 80% des Français sont favorables à la mise en place d’un protectionnisme au niveau européen et qu’ils sont même 57% à le souhaiter sur le plan national, si l’Europe reste inerte. L’enquête d’opinion comportait également des questions sur les grands enjeux économiques actuels. Par exemple, les personnes interrogées ont parfaitement compris les mécanismes de la mondialisation, les délocalisations, la pression sur les salaires et la contraction de la demande globale qui en découlent.

Mais au fur et à mesure que l’on quitte la sphère de la production réelle pour aborder les problèmes monétaires, bancaires, ceux relatifs à la création de monnaie ou aux taux d’intérêt, le degré de compréhension diminue. C’est clairement le cas pour ce qui est du débat sur la dette publique: il y a une confusion entre le budget de l’État et le budget privé d’un ménage et la plupart des gens ignorent qu’un État –contrairement à un ménage– peut créer de la monnaie (à condition qu’il décide de récupérer cette prérogative, bien sûr), que les banques, simplement en prêtant de l’argent, créent aussi de la monnaie. S’ensuivent tout un tas de croyances qui posent quand même question. En matière d’inflation, la plupart des gens pensent qu’avoir une monnaie qui perd un peu de sa valeur chaque année est un problème, et ceux qui soutiennent le contraire risquent d’être perçus comme un peu loufoques. Mais ils oublient qu’à l’époque où l’inflation était forte, durant les Trente Glorieuses, ils vivaient beaucoup mieux, ne serait-ce que parce que l’inflation grignotait leurs emprunts et leurs dettes. Les principaux bénéficiaires de l’inflation sont les emprunteurs et les premières victimes sont ceux qui vivent de leurs rentes. Voilà pourquoi Keynes disait que l’inflation était «l’euthanasie des rentiers», et ce n’est pas un hasard si les statuts de la Banque centrale européenne lui assignent pour objectif la lutte contre l’inflation.

Cette difficulté d’appréhension s’explique-t-elle en fonction du niveau social ?

Absolument pas. Beaucoup de gouvernants, y compris parmi ceux qui ont été ministres de l’Économie et des Finances, ne maîtrisent pas les mécanismes monétaires et se contentent de reprendre les fiches préparées par leurs services. Dans le même registre, je pense que Jean-Claude Trichet, par exemple, a une vision extrêmement limitée de l’économie et de ses marges de manœuvre –ce qui le réduit au rôle d’idiot utile. Les hauts fonctionnaires de Bercy utilisent le théorème du bocal de cornichons: selon eux, tout corps étranger plongé dans un bocal de cornichons finira, tôt ou tard, par devenir lui-même un cornichon; ce n’est qu’une question de temps. En langage décodé, cela signifie que n’importe quelle per- sonne qui se retrouve nommée ministre du Budget ou de l’Économie, quelle que soit sa conception politique, finira par épouser la pensée dominante, celle véhiculée par la haute administration qui dirige, de fait, le ministère. La métaphore me plaît d’autant plus qu’elle implique que les hauts fonctionnaires de Bercy sont des cornichons qui dirigent sans comprendre et qui sont donc, eux-mêmes, dominés!

Pour le coup, il s’agit d’une conception très marxiste selon laquelle l’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante…

Oui, mais ce qui est inaccessible au marxisme, ce sont les situations où les classes dominantes ne sont même plus capables de percevoir leur intérêt tant elles sont égarées dans l’Histoire. Et nous sommes précisément plongés dans un tel contexte: il est évident que l’accumulation de l’argent telle qu’elle se produit aujourd’hui n’a plus aucun sens. Nos classes dirigeantes ont construit une monnaie unique qui ne peut pas fonctionner, qui est au bord de l’explosion. L’euro va disparaître car il est, sous sa forme actuelle, condamné et les classes dirigeantes commencent à le pressentir, ce qui les rend si nerveuses. Du reste, ce constat que les gens d’en haut ne savent plus où ils en sont est peut-être ce qui est le plus angoissant dans la situation actuelle.

Les classes dirigeantes n’ont-elles pas intérêt à sauver l’euro ?

Même si la préservation de l’euro est l’intérêt des classes dirigeantes, celles-ci ne parviennent pas à le sauver car il existe des forces historiques qui sont plus puissantes qu’eux. Une classe dirigeante n’est pas maître du monde et de la réalité. Vous pouvez toujours décider que les différences entre pays européens –qu’elles soient économiques, historiques, sociologiques, culturelles ou que sais-je encore– sont marginales, que la mise en place d’une monnaie unique va, tel un deus ex machina, homogénéiser l’Europe. Mais la réalité est tout autre, les différences demeurent et, pour ne prendre que cet exemple, le taux de natalité est de deux enfants par femme en France et de 1,3 en Allemagne. Et l’euro accentue au contraire ces divergences, tout en produisant des dysfonctionnements en cascade. L’Allemagne s’est adaptée en faisant de la zone euro, qui ne peut plus se défendre par la dévaluation, une aire privilégiée pour ses exportations, tout en délocalisant une partie de sa production dans la partie de l’Europe qui n’appartient pas à la zone euro. Ce faisant, elle génère des problèmes de déficits commerciaux et publics supplémentaires dans tous les pays de la zone euro, qui sont pourtant censés être les partenaires de l’Allemagne et avoir les mêmes intérêts.

Le fait national ne serait donc pas soluble dans le libre-échange ?

En fait, le concept national finit toujours par se rappeler au bon souvenir de ceux qui avaient décidé de l’ignorer ou qui le tenaient pour mort et enterré. C’est une donnée presque mystérieuse: la France n’existe pas qu’à travers son État. Elle vit aussi en tant que système constitué de multiples paramètres de mœurs, de langue, de rapports entre hommes et femmes. Ce système est en fait très solide et même les pires partisans du libre- échange et de la mondialisation y appartiennent, qu’ils le veuillent ou non. Lorsque les classes dirigeantes françaises finissent par n’être attachées qu’a ses projets supranationaux, par se raconter que la France n’existe plus, elles souffrent en fait d’un vrai problème d’identité nationale, beaucoup plus réel et grave que celui dont on affuble les enfants d’origine étrangère et musulmane. Même en s’affrontant à la police dans les banlieues, les enfants d’immigrés sont pleinement français. En ne basculant pas véritable- ment dans la guerre civile, ils montrent qu’ils sont des petits Français très semblables aux enfants de bourgeois qui manifestaient dans les rues de Paris en 1968. Il n’en va malheureusement pas de même pour les classes dirigeantes, dont une large proportion a pour tradition de trahir son pays.

Comment expliquez-vous ce décalage entre le discours officiel et la réalité sociologique de la société française ?

La situation historique actuelle est difficile à saisir car elle est paradoxale. Elle intègre toute une partie de la période précédente qui était, somme toute, plutôt gentille, apaisée. Mais au-delà, la réalité sous-jacente de la société révèle une montée de la violence, notamment au niveau des rapports économiques. Or, cette violence va forcément finir par émerger de façon visible. Par exemple, la question de la dette publique et du poids des marchés est quelque chose de très violent. Il suffit d’observer le sort de la Grèce, qui se retrouve en situation coloniale, sommée de vendre la plupart de ses biens d’État à des fonds étrangers, pour s’en convaincre. La baisse du niveau de vie va projeter en pleine lumière cette violence qui va finir par être dominante. La logique de la situation est une logique violente et lorsque Sarkozy parle violemment, il est dans la logique de l’époque. Ce qui n’est pas le cas des socialistes qui mettent un point d’honneur à se comporter comme des gens bien élevés, raisonnables, qui ne veulent pas faire de vagues. En un sens, ils ne sont pas dans leur époque, ils sont l’objet d’un certain déphasage. Mais nous sommes dans une phase où l’Histoire avance plus vite que les esprits. Les promoteurs du libre-échange et de la monnaie unique avaient gagné la bataille des idées en réussissant à faire croire qu’il n’y avait qu’une seule voie possible. Pourtant, les lignes commencent à bouger car l’Histoire est en marche; simplement, au train où vont les choses, l’euro explosera avant que le débat idéologique soit arrivé à maturité.

Si l’euro explose, que se passe-t-il concrètement ?

Plein de choses! Tout d’abord, il faut admettre que cela posera de gros problèmes conjoncturels. Dans un contexte de crise monétaire, les risques sont réels et il y aura des erreurs à ne pas commettre pour ne pas que la machine s’arrête. Mais je crois qu’il faut avoir une vision équilibrée de l’explosion de l’euro, car toute crise est toujours pleine d’opportunités. L’absurdité des classes dirigeantes sera flagrante et ce sera l’occasion de donner un coup d’air frais dans le système, de mesurer les capacités de réaction d’une société qui se rend compte qu’elle était partie dans une mauvaise direction et qu’elle doit se ressaisir. Il y aura un effet libérateur et toutes sortes de choses paraîtront tout à coup possibles, y compris pour la liquidation de la dette publique.

Naturellement, on pourrait imaginer que les élites vont ramener le capitalisme sur une voie moins chaotique, ne serait-ce que pour préserver leurs intérêts. Mais ce n’est clairement pas ce qui se profile. L’aveuglement fait partie de l’Histoire et celle-ci n’est pas faite que de rationalité. C’est durant les années trente, alors que le monde occidental est ravagé par la crise économique, que Keynes prêche en faveur de l’action régulatrice de l’État, notamment via la dépense publique et sa fameuse Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, publiée en 1936. Mais, en Allemagne, Hitler est déjà parvenu au pouvoir depuis trois ans et, en mettant en place une économie de guerre, d’investissement militaire, a ramené le chômage à un taux insignifiant. L’Histoire est allée beaucoup plus vite que la théorie et, pour la plupart des puissances occidentales, la véritable sortie de crise ne sera mise en place qu’au lendemain de la guerre. En clair, les solutions aux crises économiques et historiques de l’Histoire sont rarement appliquées à temps.

www.revueforum.fr/2011/09/emmanuel-todd-demographe-entretien/

http://www.gaullisme.fr/2011/10/20/todd-et-la-dette-publique/






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